Parmi les 157 CGP participants, Andy BUSSAGLIA - Family Patrimoine - a terminé en première position du concours d'allocation d'actifs organisé par l'UNEP et Quantalys.
17.33 % de performance totale entre 30/09/2015 et le 31/08/2016
Volatilité : 9.62
Perte maximum connue lors du concours (différence entre point le plus haut atteint et point le plus bas atteint) : - 4.59 %
Graphique de l'évolution du portefeuille géré par Andy BUSSAGLIA :
Timing d’investissement
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Analyse des ordres passés sur le portefeuille en comparaison des mouvements de marché
Evolution du CAC 40 :
Stratégie appliquée, par Andy BUSSAGLIA
Le concours a débuté en septembre 2015.
Je souhaitais investir de manière contrariante, en raison du changement important de contexte : hésitations de Janet Yellen concernant la décision de remontée ou de non remontée des taux d’intérêt, et nouvelle donne concernant la politique monétaire de la banque centrale chinoise. De mon point de vue, ces événements constituaient le point de départ de la remise en cause de la crédibilité des banquiers centraux vis-à-vis des marchés financiers.
Il convient au préalable de rappeler la toile de fond :
Notre monde était (et est toujours) en pleine transition : évolution de la démographie (populations occidentales vieillissantes), nouvelle économie (digitalisation, uberisation), transition chinoise (avec la part des services dans l’économie qui dépassait celle de la production pour la première fois). Nous étions et nous restons face à des pressions déflationnistes (US : plus faible reprise d'après-guerre; croissance faible en Europe, ralentissement chinois, chute des matières premières) dans un monde endetté, ce qui nécessite une prudence absolue.
Les banques centrales ont pris des mesures depuis 2009 pour soutenir l'économie, avec pour effet collatéral hausse des marchés (hausse des marchés actions et compression des taux) sans que l'économie réelle ne se développe au même rythme.
A la fin de l’été 2015, les limites apparaissaient clairement aux yeux des investisseurs (taux proches de zéro, voire expérimentation de taux négatifs, et pression sur la FED pour normaliser sa politique de taux).
Fait notable, pendant le krach d’août 2015, les obligations souveraines « core », traditionnellement considérées comme des valeurs refuges, n’avaient pas monté pendant la panique du mois d’août 2015 : il y avait une grosse main, probablement la Chine, qui vendait des T-bonds pour soutenir son économie. Cela constituait alors un renversement majeur de tendance, la Chine n’étant plus acheteuse nette de bonds US. Cela apparaissait cependant conforme aux ambitions chinoises vis-à-vis renminbi, mais à contre-courant d'une économie en ralentissement et accoutumée à la création monétaire de masse.
A l’époque, la crainte d’une accélération des sorties de capitaux a pu encourager la Chine à laisser baisser sa devise, et par conséquent à exporter sa déflation. Des doutes importants subsistaient sur le pilotage des autorités chinoises.
Pendant le mois d’août, les acteurs des marchés financiers semblent avoir pris conscience que les mouvements de marché peuvent être très violents. Citons plusieurs raisons : les banques ne remplissent plus leur rôle de contrepartie pour des raisons réglementaires, les valorisations atteintes sur les produits de taux, le trading algorithmique, le contrôle du marché par un nombre réduit d’acteurs (certains gros hedge funds et banques américaines).
Ce contexte incitait à la prudence sur toutes les classes d'actif.
Ma stratégie a consisté à « rester liquide » au début dans la phase de hausse du mois de septembre et octobre, en considérant qu’il s’agissait d’un rebond temporaire : le rebond semblait technique, puisque les investissements de court terme étaient privilégiés par les opérateurs de marché : trackeurs et valeurs les plus stressées, cycliques et matières premières. Le High Yield quant à lui ne bougeait pas.
Je ne souhaitais pas être investi « long » dans cette phase de hausse qui s’est effectivement révélée être à très court terme. J’ai même construit des positions contrariantes sur les points hauts en deux fois, le 30/10/2015 et le 20/11/2015.
Grand bien m’en a fait, puisque les marchés ont essuyé une baisse importante (-20 % sur le CAC 40 entre le point haut du 01/11/2015 et le point bas du 07/02/2016).
Au travers d’un timing adapté, des couvertures mises en place, et de la décorrélation entre les supports choisis, mon allocation s’est révélée être créatrice de performances tant dans les phases baissières, que lors des rebonds de marché.
Focus Brexit
Le référendum britannique était programmé le 23/06. Entre le 30/05/2016 et le 13/06/2016, les marchés ont fortement dévissé notamment pour les raisons suivantes : stress lié à l’approche du référendum, glissade du yuan, de gros investisseurs comme Bill Gross abattent leurs cartes et montrent qu’ils sont bear sur le crédit, explosion de la volatilité...
Au 13/06/2016, soit 10 jours avant le référendum, des fonds à profil de risque élevé avaient par conséquent subi des baisses de valeurs importantes, à l’instar d’H2O Multistratégies (-22 % depuis les derniers points hauts). L’once d’or quant à elle avait bien progressé, en dépassant les 1300 $. Le Brexit semblait donc en grande partie « pricé » par les marchés.
Je décide donc à ce moment-là d’arbitrer 50 % des positions bear et 25 % des minières aurifères en faveur d’H2O Multistratégies. Le timing s’est révélé être parfait puisque les marchés se sont mis à anticiper, au gré des sondages et des avis de bookmakers, que la Grande-Bretagne resterait dans l’euro. Le CAC 40 a repris 8 % jusqu’au Brexit, et H2O a largement profité de l’euphorie financière en réalisant un rebond de presque 14 % sur la même période.
Puis le Brexit arriva, et au lendemain du référendum, il était capital de raisonner avec pragmatisme et de ne pas succomber à la panique ambiante : le vote sur le Brexit était un événement prévu de longue date. Les marchés ont eu le temps de se couvrir et de se préparer à tous les scénarios, même s’il y avait eu de gros débouclages de positions vendeuses juste avant le vote, en ligne avec l'anticipation des opérateurs de marché selon laquelle le Brexit n’aurait pas lieu (à tort !).
Etant donné les gros gains réalisés au lendemain du référendum sur les positions bear / de couverture, une prise de bénéfice au travers d'un débouclage des couvertures semblait tout à fait possible. Avec un rebond des marchés à la clé.
Ma vision des choses à ce moment était que si baisse importante et durable des marchés il devait y avoir, cela viendrait d'un événement non anticipé de type vague de défauts majeurs dans les pays émergents, ou explosion de la bulle chinoise. Et pas sur un événement fixé de longue date comme le référendum.
De plus, et en dernier recours, étant donné les enjeux et leviers visiblement en place (cf bilan Deutsche Bank avec 50 000 milliards d’euros de produits dérivés par exemple) les marchés ne semblent pas « autorisés » à baisser massivement (cf marché US très bien tenus). S'il le fallait, Mario Draghi rachèterait des actions directement (comme le fait la BOJ via des ETF) même si les allemands, prenant encore plus de poids dans l'UE du fait de la sortie de l'Angleterre, seraient réticents mais n’auraient pas le choix au final (re-cf bilan Deutsche Bank).
J’ai donc décidé de ne pas alléger mes positions en actifs risqués.
Néanmoins, nous pouvions descendre plus bas (seuils de 3800 /3900 sur le CAC 40 bien en tête des investisseurs à l’époque) et je n’ai donc pas non plus renforcé mes positions.
La suite des événements a confirmé mes anticipations, puisque les marchés ont fortement rebondi (+ 7 % sur le CAC 40 en quatre jours de bourse). Je décide alors, au moment qui s’est révélé être le point haut de la première vague de rebond, de sécuriser en grande partie mes positions et de me positionner en majeure partie sur un fonds monétaire sans risque en vue de l’approche de la fin du concours. En complément des positions résiduelles sur H2O Multistratégies, Tocqueville Gold et Elan France Bear, j’ai également constitué une allocation diversifiée au travers des fonds suivants :
Nordea Stable Return,
Sycomore Partners,
Varenne Valeur,
Sextant Grand Large,
JPM Global Macro Opportunities,
R Club.
Les ultimes arbitrages de l’été auront consisté à reconstituer des positions sur des fonds contrariants, Elan France Bear et Tocqueville Gold. L’optique de ces arbitrages consistait à se protéger à la fois contre un éventuel cygne noir d’été (lié à la Chine par exemple), contre des mauvais résultats des stress test bancaires européens, et contre la prise en compte des marchés de l’approche du référendum italien et des élections US. Ces positions se seront révélées inopportunes étant donné le bon comportement des marchés durant l’été. Ces positions auront néanmoins été coupées durant les derniers jours d’août, ce qui aura permis d’éviter la majeure partie de la déroute sur les cours de l’or.
Un grand merci à l'UNEP, à Quantalys, et au magazine Investir - Le Journal des Finances pour l'organisation de ce concours d'allocation d'actifs.